Le recommandé
Toujours dans la cadre de l'atelier FAF du mois, une nouvelle collaboration, avec LolGadoune cette fois.
Elle a écrit ce très beau texte et j'ai fait quelques illustrations.
Je vous laisse découvrir.
C’est le matin, Rose bouclette se lève
péniblement. Elle aimerait bien avoir un homme qui lui ensoleillerait
ses journées en l’embrassant dès le réveil (et accessoirement, qui lui
relèverait son matelas). Au lieu de ça elle grimace.
Une fois sur pied, le miroir lui fait face, Elle grimace car elle se hait. Ses cheveux sont en bataille, l’épaisseur de sa frisure accentue la rondeur presque dessinée de son visage, deux ronds roses colorent ses pommettes, comme si deux fleurs posées là pendant la nuit avaient déteint sur sa peau. Elle sentait ses paupières tirées, et un voile devant les yeux l’empêcha de voir la chaise qui lui barrait la route, elle heurta un pied qui se logea entre deux orteils, elle hurla en silence, s’écroula à terre et étouffa ses cris dans le tapis….
Et la sonnette sonna….
Elle releva la tête, interloquée, qui sonnait à cette heure ?
Le
voisin du dessous n’aurait pas réagi si rapidement, même si la chute de
son corps sur le tapis avait fait trembler tout l’immeuble, ce bougon
du sixième n’aurait pas pu entendre tellement il était sourd….
Re-sonnette……
La curiosité était trop forte, elle ne prit pas
le temps de se réajuster sa nuisette, elle fonça vers la porte, en
cognant son popotin dans tous les meubles….
Il allait faire demi-tour.
Quand la porte s’ouvrit violemment, son cœur fit un bond mais il ne le montra pas du moins, il tenta de le cacher….
Il sourit, surpris, par ce qu’il voyait là….
Les pieds nus, la peau blanche, les cheveux
mordorés, une boule de tendresse se tenait devant lui tout juste parée
d’une petite robe brodée.
Un vague de chaleur l’envahit et il essaya de réprimer un sourire niais résultant de ce bien-être soudain…..
Son silence la gêna apparemment, il la regardait trop fixement, elle fronça les sourcils….
Il n’avait encore pas dit un mot !
Il se décida enfin à lui tendre un recommandé, et un crayon en tremblotant….
« signez là…s’il vous plaît….. »
Elle s’éxecuta rapidement, ce petit blanc bec
n’allait pas continuer de se foutre d’elle étérnellement, elle avait
l’habitude des raillleries dans la rue, au bureau mais jamais à la
porte de son petit « chez elle » qu’elle preservait au maximum des
inconnus et autres enquiquineurs….
En deux secondes l’accusé de
reception etait signé et elle arracha elle-même le double, lui ecrasa
dans la paume de la main et referma la porte aussi violemment qu’elle
l’avait ouverte.
Re-sonnette….
Elle s’aperçut qu’elle tenait entre ses doigts, le crayon.
Elle entrebailla la porte et jeta le crayon avant de la refermer brutalement. Elle s’adossa à la porte, attendit.
Un long silence s’ensuivit. Long, très long…..Les émotions avaient le temps de naître.
Elle ne bougeait pas, elle ne comprenait pas.
Mais que faisait-il derrière la porte, pourquoi restait-il là ?
Son cœur lui faisait mal. Comme ci il avait compris quelquechose qu’elle ne réalisait pas.
Sa respiration devint saccadée et ses jambes se dérobaient sous elle.....
Elle le sentait. Elle sentait sa présence de l’autre côté.
Fébrile elle ouvrît la porte….
Il s’avança et l’embrassa.
FIN